Interview alumni : Lucie FIORE, illustratrice indépendante jeunesse et nature.

Dans cette interview, Lucie, illustratrice indépendante, nous parle de son parcours et de sa manière de travailler. Elle nous parle de ses projets en lien avec la nature et sa façon de travailler. Elle partage également ses projets à venir et ses conseils pour ceux qui souhaitent se lancer dans l’illustration.
Quel est votre métier ?
Je m'appelle Lucie, je suis illustratrice depuis huit ans, après avoir fait l'école Pivaut. Je suis établie en Suisse, mais j'ai fait mes études à Nantes. Depuis, je travaille en tant qu'indépendante, principalement sur des projets en lien avec la nature, souvent pour des supports de vulgarisation.
Je travaille pour des musées, des magazines, et d'autres supports destinés autant aux enfants qu’aux adultes. Parfois, je réalise aussi des illustrations naturalistes, par exemple pour des livres botaniques ou des ouvrages similaires. Cela peut inclure un style plus narratif, notamment pour des livres pour enfants.
Avez-vous des exemples concrets de projets que vous avez réalisés ?
J’ai travaillé sur un livre de reconnaissance des plantes sauvages comestibles, que nous avons réalisé en 2019-2020. Mon rôle était d’illustrer chaque plante en m'appuyant sur des informations scientifiques, des lectures approfondies et des photos.
Comme ce projet s’est déroulé en hiver, je ne pouvais pas observer les plantes directement, mais je devais restituer leur aspect le plus fidèlement possible. Ce type de travail peut également se retrouver dans des sentiers didactiques en forêt. Les illustrations servent alors à aider le public à identifier les plantes locales, mais le support final diffère, passant parfois du livre à des panneaux explicatifs.
Un autre exemple est le travail que je fais pour des associations comme Pro Natura, en Suisse, qui se concentre sur l'éducation à l'environnement. Ils publient un magazine destiné aux enfants, pour lequel chaque numéro est illustré par un artiste différent. Les illustrations doivent transmettre un message éducatif tout en captivant un jeune public. Par exemple, cela peut inclure des scènes d’ambiance ou des comparaisons entre des paysages d’aujourd’hui et ceux d’il y a 12 000 ans.
Dans ce cadre, il m'arrive aussi de concevoir des jeux éducatifs qui accompagnent les illustrations. Cela peut être des jeux simples ou plus complexes, selon les besoins.
Pourquoi avez-vous choisi de travailler en tant qu'indépendante ?
Pour moi, cela allait de soi. Je ne savais même pas qu’il était possible d’être illustratrice salariée ! Même aujourd’hui, c’est très rare. Être indépendante me permet de diriger ma carrière dans la direction qui m'intéresse.
Dès mes études à l’école Pivaut, j’ai su que je voulais me concentrer sur l’illustration en lien avec la nature. Mon projet de diplôme portait sur un sentier didactique consacré aux abeilles et à leur importance écologique. C’est ce qui m’a donné le déclic.
Je voulais travailler dans un domaine très précis, et je pense que cela aurait été difficile en tant que salariée. Bien que mes premiers stages aient été réalisés en tant qu’employée dans une organisation à but non-lucratif, je me sentais un peu limitée. En travaillant à mon compte, j’ai pu démarcher les structures qui m'intéressaient et orienter mon art au service de la nature.
Comment trouvez-vous vos clients et vos projets ?
Durant les quatre premières années, j’ai envoyé de nombreux mails et démarché activement. Par exemple, j’allais en librairie pour identifier les maisons d’édition qui correspondaient à mes valeurs. Je participais également à des salons sur la nature ou le bien-être. J’ai commencé à collaborer avec des magazines comme Wapiti en France, après avoir répondu à un appel à candidatures et présenté mon portfolio à Toulouse. Pour les maisons d’édition, je me rendais à des événements comme la Foire du livre de Bologne, où j’allais directement rencontrer les éditeurs.
Après ces premières années de prospection, il y a eu un tournant il y a environ quatre ans. J’ai réalisé une campagne électorale pour les verts, où mes illustrations ont été largement diffusées sur des affiches et dans les boîtes aux lettres. Cela a contribué à me faire connaître localement. Une autre façon de me faire connaître a été de vendre des cartes postales avec mes illustrations lors de marchés de Noël. Les gens les envoient ou les gardent, et parfois, des années plus tard, ils découvrent mon nom et me contactent pour un projet.
Quels sont vos projets pour la suite ?
En ce moment, je travaille sur un album jeunesse qui me tient vraiment à cœur. C’est l’histoire simple d’une enfant qui a peur d’un moustique. Elle quitte sa chambre pour s’enfuir dehors et, chemin faisant, rencontre plusieurs animaux. Ce que j’aime, c’est essayer de raconter un maximum dans l’image, en allant au-delà du simple texte.
Quand et pourquoi avez-vous décidé de devenir illustratrice ?
À l’origine, je voulais devenir joaillière et créer des bijoux. À 14 ou 15 ans, je dessinais des bijoux, mais je me suis rendu compte que je préférais les dessiner plutôt que les fabriquer. C’est comme ça que j’ai commencé à explorer le dessin.
Rapidement, j’ai compris que c’était mon moyen d’expression. J’arrivais à transmettre des émotions et à communiquer plus facilement avec des dessins qu’avec des mots. J’ai suivi un lycée en art visuel, où j’ai touché à plusieurs médiums, et j’ai voulu aller plus loin.
Pourquoi avoir choisi l’école Pivaut pour votre formation ?
J’ai choisi l’école Pivaut parce qu’elle offrait un équilibre entre l’aspect académique et la créativité. Elle proposait un apprentissage technique et mettait l’accent sur le dessin à la main plutôt que sur l’ordinateur. C’était exactement ce que je cherchais, et aujourd’hui encore, je travaille très peu sur ordinateur.
L’école était aussi très professionnalisante. On y apprenait à répondre à des briefs, à établir des contrats, et à gérer les aspects juridiques et financiers du métier. Cela m’a donné une bonne base pour démarrer ma carrière en tant qu’indépendante.
Pendant vos huit ans d'activité, avez-vous continué à vous former ?
Oui, j’ai toujours essayé de réaliser une formation par an. Ce sont souvent de petites formations, mais ciblées sur des techniques précises. Par exemple, j’ai testé le cyanotype et suivi des formations en gravure. Déjà, parallèlement à l'école Pivaut, je prenais des cours du soir en histoire de l’art, et j’ai continué ça un peu après. Je me suis également formée en botanique, surtout en fonction des mandats que j’avais, et récemment, en médiation culturelle.
Auriez-vous un conseil pour les jeunes qui souhaitent devenir illustrateurs ?
Je leur dirais de ne pas hésiter à aller rencontrer des illustrateurs et illustratrices déjà établis. Je prends régulièrement des stagiaires ou des personnes pour une journée de travail avec moi. Cela permet de découvrir concrètement le quotidien du métier, de poser des questions, et parfois de se rendre compte si c’est vraiment ce qu’on veut faire. Alors allez à la rencontre des autres, c’est une grande richesse !